Les sorties du printemps!

Publié le par Jenny Gilles

Les sorties du printemps!

Ça y est, l'énergie printanière est là! La nature, après un temps de pause, s'éveille, les fleurs éclosent, les oiseaux chantent, reviennent de leur migration pour certains, les bourgeons sont nombreux sur les arbres...

Et je ne sais pas vous, mais moi je sens aussi cette énergie nouvelle circuler en moi, cette envie de mouvement, de découverte, cette curiosité à vivre chaque jour comme un jour nouveau, après l'hiver qui nous invite plutôt à se tourner vers l'intérieur.

Voici donc les dates des sorties des mois d'avril, mai et juin:

- sorties journées: vendredi 13 avril, mercredi 18 avril, mardi 1er mai, vendredi 8 juin

- sorties demi-journées: jeudi 19 avril matin, jeudi 24 mai matin, lundi 18 juin matin

- balades de nuit: mercredi 4 avril, mardi 17 avril, lundi 30 avril, mercredi 16 mai, lundi 28 mai, jeudi 7 juin, mercredi 27 juin

Les sorties se font en petit groupe, de maximum 8 personnes. Je vous accompagne sur votre propre chemin au travers de la marche et de propositions originales de connexion à vous-mêmes et à ce qui vous entoure dans un cadre de sécurité, de confiance et de bienveillance.

Les sorties ont lieu en Ariège. Le rdv est généralement à Foix, lieu depuis lequel nous covoiturons ensuite vers le lieu de la randonnée.

En dehors des dates proposées, je peux aussi vous accompagner en individuel pour un travail approfondi et personnel autour d'une thématique particulière par exemple, ou en groupe si vous êtes plusieurs (3 personnes minimum).

Contactez-moi par tel 06 16 31 33 55 ou par mail isardsetlibellules@gmail.com pour tout renseignements complémentaires.

Les tarifs: 15€ pour une balade de nuit, 30 € pour une rando journée et 23€ pour une rando demi-journée

Belle journée et beau début de printemps

Au plaisir de croiser votre chemin,

Jenny

 

 

Partager cet article

Repost0

Commenter cet article

G
En marche vers Soi….<br /> <br /> C’est ce qui m’a appelé « au hasard » de recherches ce mercredi. J’avais posé quelques jours de congés, bien décidée à les vivre à autre chose que de regarder défiler le temps après avoir accompli mes tâches habituelles et quotidiennes, bien « sagement », à la maison, entre ménage, repas, ordinateur et lecture.<br /> Il était clair que j’avais besoin de sortir de ce « cadre ». Nous étions déjà mercredi et c’était « le » jour pour démarrer, « le » jour où jamais .<br /> Installée devant mon ordinateur, page ouverte sur Facebook, « au hasard » je clique sur « Evènements » et sélectionne la date d’aujourd’hui. Apparaissent alors concerts, ateliers, conférences, expositions en tous genres. Mon index s’agite sur la souris, s’arrête parfois pour fouiller l’information, puis repart de plus belle….<br /> Tantôt plus tôt – l’atelier avait déjà débuté – tantôt trop tard – l’évènement avait lieu en soirée. Le balancier faisait de grands écarts et ce qui semblait juste ne trouvait pas sa place, au milieu. <br /> Le point de focalisation est enfin arrivé : mes yeux ont mis fin au rythme en avalant ces mots : « Balade de nuit : en marche vers Soi ». Balade en nature de 20h30 à 23 heures, dans une vallée proche de Foix, en compagnie d’une guide de montagne.<br /> <br /> <br /> <br /> Je contacte Jenny. Peu de personne semblent intéressées et je me questionne sur le maintien de ce rendez-vous. Je sais que cette balade va me faire sortir de ma zone de confort et, pour cette raison, je suis bien décidée de m’y rendre. <br /> Je pose les règles et m’entends avec moi-même : je m’autorise à « partager » l’évènement avec ma famille proche mais ne me laisserait pas démonter si personne ne suit. C’est clair. Je suis d’accord, je partirai, même seule.<br /> Je me mets alors à la recherche de point de chute pour la nuit car je ne veux pas rentrer sur Toulouse après la balade. Il est aux alentours de 10h30-11 heures. Je poursuis mes recherches, cette fois-ci, sur des sites riches en énergies vibratoires dans la région Midi-Pyrénées.<br /> Saint Bertrand de Comminges abrite des lieux qui m’attirent, notamment la Basilique Saint Just sur laquelle je trouve de précieuses indications sur la façon de la visiter qui appellent aussi quelque chose en moi. J’imprime ces feuilles qui serviront à m’orienter.<br /> 14 heures 15 : ma nièce appelle et se trouve très séduite par la proposition partagée sur Facebook. Toujours sans nouvelle de Jenny, je lui confie mes doutes sur le maintien de cette balade. Nous convenons alors de nous recontacter un peu plus tard.<br /> Pause-déjeuner : oui…il est un peu tard mais je suis en vacances et j’abandonne aussi les rendez-vous fixes des repas…une autre façon de s’écouter sur ce « chemin vers soi »…<br /> 15 heures ….mon portable sonne et me rapproche un peu plus de cette marche. C’est Jenny. La balade est maintenue, les conditions sont énoncées et les balises me conviennent. Le rendez-vous est posé pour 20h30 à Foix.<br /> Tout va alors très vite et les enchaînements me surprennent dans la rapidité que j’y attache. Peut-être pour m’éviter d’y poser des résistances ? Non…je sens à l’intérieur de moi que cela répond à un élan naturel sur lequel ne s’inscrit aucune crainte. C’est plutôt de l’effervescence…. J’en ressens les bulles qui me font trépigner vers cette « aventure ». J’attrape en hâte, un sac, y jette littéralement des vêtements confortables : pulls, veste, chaussette, foulard, écharpe, manteau, pantalon de jogging, jean et une trousse de toilette, l’appareil photos indispensable, 2 livres, 1 carnet de notes, mon pendule….<br /> Je joins ma nièce et nous convenons de nous retrouver chez elle aux alentours de 18 h-18h30.<br /> J’appelle un contact pour la réservation de la nuit. C’est la dernière chambre : je la prends.<br /> Derniers préparatifs pratiques : alimenter sa voiture, prévoir quelques encas (eau, fruits frais et secs).<br /> Je préviens ma moitié, au courant de mon envie de m’éloigner quelques jours. Je reconnais le côté un peu précipité, rapide et rude de l’information, guidée par l’urgence de devoir aussi récupérer les clés de notre chambre d’hôtel, avant 20h30, heure du rendez-vous fixé à Foix pour la balade.<br /> Tout est calé. L’aventure commence….<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Nous arrivons à Foix aux alentours de 20 heures. Saint Pierre de Rivière est à une poignée de minutes…Nous y arrivons et découvrons la charmante chambre qui abritera notre nuit et accueillera nos échanges.<br /> La précieuse clé en main, le code de nuit parfaitement enregistré dans un petit coin de notre mémoire, je goûte à ce dernier instant qui boucle le côté sécurisant et confortable qui m’amènera à la légèreté de la découverte qui s’ensuivra.<br /> Sur le parking, en face des halles de Foix, nous repérons facilement Jenny, déjà présente, accompagnée de trois personnes. La malle ouverte sur des équipements de toutes sortes ne peut nous tromper.<br /> Les présentations sont simples, amicales, franches. Le groupe est constitué de femmes dont aucune n’a déjà fait cette expérience. Nous avons des points communs et s’installe déjà un fil invisible….comme une connivence…<br /> Jenny nous guide, en voiture, jusqu’au point de départ de la balade. Nous nous garons dans ce qui semble être un hameau et nous nous rejoignons devant sa voiture. Nous nous équipons de nos manteaux et k-way, la pluie est au rendez-vous aussi.<br /> Jenny énonce les règles :<br /> « Les portables ne sont pas de mises et doivent être coupés. Nous avancerons sans lumière artificielle. Nous ne parlerons pas entre nous en marchant. Nous vivons le moment présent, à l’intérieur, dans nos ressentis. Nous sommes attentives à être bien ancrées au sol, à la Terre. »<br /> Balade à l’intérieur de Soi, à la recherche de nous-mêmes en côtoyant le monde du Vivant en nous, notre présence à nous-mêmes à travers nos ressentis. Comment, privées du sens de la vue, appréhendons-nous la marche, l’obscurité, les bruits, les odeurs, le silence. Comment goûtons-nous le « connu » devenu « inconnu », dans ce présent si présent. Ou quand nous prenons conscience que pour connaître l’extérieur il faut le goûter, le savourer, l’expérimenter de l’intérieur car alors l’intellect, ne peut se poser qu’en veilleuse devant le feu d’artifice de nos sens.<br /> Je découvre qu’il existe, ici, un autre langage et que sa force est une autorité qui met fin à toute superficialité que voudrait énoncer l’intellect. C’est trop fort pour lui. Il abdique dans ce présent, si présent de tous les sens qu’il ne trouve plus de sens à lui-même. A l’écriture, je décèle que l’intellect n’a pas de sens. Découverte d’un trésor qui, lui, prend un sens dans mon Etre. Il n’a de consistance que celle que je veux bien lui accorder quand je suis dans les non-sens.<br /> Jenny nous invite à lui signaler tout état de mal être que nous pourrions rencontrer, au hasard de nos pas. Elle ouvrira la marche pour nous mener au point de départ. Nous ferons une boucle : nous abandonnons la notion de temps. Elle nous indique des balises – entre plus ou moins 2 heures. C’est ce que nous ressentirons, chacune, qui posera le rythme de cette marche, ni plus ni moins. Ici, il n’y a que le présent auquel nous nous accorderons.<br /> Avant de s’engager dans le sentier, Jenny indique qu’elle prendra la tête de marche, seulement quand nous devrions changer de direction. Chacune aura à expérimenter différentes places : tantôt chef de file, tantôt au sein du groupe, tantôt en queue de peloton. Elle insiste sur le principe de rythme propre à chacune : il ne s’agit pas d’une course ni de « vouloir » afficher une résistance à un « effort » mais plutôt de vivre de l’intérieur, de reconnaître et d’accepter nos propres limites, dans l’instant, sans poser de jugement. Rester observateur de ce qui est…<br /> Le ton est donné. Nous nous engageons sur un chemin les unes derrière les autres. La montée est rude et mes compagnes de route la mènent à une allure qui leur convient. Je ne tarde pas à percevoir les battements précipités de mon cœur qui m’indiquent que je dois ralentir. Je dois m’accorder à ce qu’ils demandent, dans l’instant. Suis-je prête ? Il semble qu’il n’y ait pas de résistance en moi. Je suis tellement présente à mon cœur et à mes oreilles qui l’entendent frapper que je ne laisse aucune place à autre chose. Je ralentis, pose mes pas doucement, inspire, expire à mon rythme et m’attache à poser mon regard sur ce que je réussis parfois à percevoir : les silhouettes de mes compagnes, les ombres qui parsèment le chemin, sans que je ne sois réellement capable d’identifier quoi que ce soit. <br /> Un inconfort s’installe….. J’ai chaud. Trop chaud….J’ôte la capuche de mon manteau et goûte à la petite pluie qui persiste timidement. J’apprécie sa douce présence qui s’offre, dans cet instant qui semble être faite « juste pour moi », pour répondre à mon besoin. Comme si elle savait qu’elle pourrait être précieuse et découverte ainsi, au moment « T » pour et par la vie en mouvement…ailleurs…<br /> Je sais alors que désormais je ne verrais plus la pluie comme désagréable et empêchante, restrictive à nos actions… je me connecterai à elle pour qu’elle me murmure auprès de qui elle est au chevet. Qui a besoin d’apprécier sa douce présence ? Quelle autre vie en mouvement l’attend pour en goûter sa fraîcheur ? Qui a besoin de nourrir son regard autrement ? Je découvre la pluie comme une séductrice qui s’offre généreusement dans l’Amour de ce qu’elle sait apporter. Riche d’elle-même, elle nettoie les regards de ceux qui percoivent ces caresses avec volupté. Echange d’un « baiser » qui coule et épouse nos sens…Essence qui se reconnaît en l’autre….mouvement partagé vers un besoin commun : celui d’Etre, ensemble, ici et maintenant. Jonction d’un appel commun vers la quiétude…Joie du corps qui accueille ce moment dans une reconnaissance infinie…L’inconfort disparaît et appelle la découverte…<br /> Je m’épluche : de même que je me sépare des épaisseurs de mes vêtements, je découvre et me découvre. Ma respiration retrouve son rythme. Je suis plus légère.. J’accueille alors complètement le Souffle. Il n’y a plus de résistance à cet endroit non plus. J’accorde la cadence de mes pas à mon propre souffle. Je remplis mes poumons de ce nouveau Souffle, me laisse le temps de l’accompagner sur son propre chemin et vide tout ce qui peut l’être, sans me soucier de sa nature, dans une profonde expiration.<br /> Bientôt, je ne tarde pas à sentir sa caresse sur mon visage. Il balaie doucement mon front et chante à mes oreilles un son que je connais. Il entre dans mes perceptions et m’en fait saisir les nuances à chaque balancement que ma tête effectue, comme si elle cherchait un sens. Ma tête a décidé de faire danser mes oreilles au gré du souffle qui y rentre. Elle cherche le rythme qui lui convient pour mieux en épouser le son. Le balancement ressemble alors aux mouvements qu’adopte l’oiseau sur la branche quand il pressent une présence, sa tête tantôt penchée à gauche, tantôt à droite, en quête d’un sens ou d’un mouvement en préparation, une « curiosité », un point d’interrogation semble habiter son comportement. Le « qui »vive…ce « qui » dont notre intellect se délecterait EST là où notre intellect n’est pas : dans le Vivant, le présent, le sans nom. « Qui » que ce soit….EST. Accueillons-le. Qu’IL vive en moi me suffit….ici….<br /> Gratitude…c’est ce qui m’habite. Je découvre un sens. J’expérimente dans mon corps, les éléments et perçois de façon nette leur fonction propre et combien nous sommes reliés. J’ai la perception, ici et maintenant, qu’ils participent à ce que je suis, dans le sens où ils ont répondu à un besoin qui m’était propre, de façon naturelle. J’ai le sentiment profond que cette intériorisation doit être poursuivie….<br /> Nous nous retrouvons petit à petit dans une halte posée à l’initiative de Jenny : elle s’assure que tout se passe bien pour chacune d’entre nous et cède sa place à qui veut bien prendre le relais. <br /> Mes yeux se sont habitués à la pénombre, à l’obscurité. La pluie a cessé. Je me sens bien. Je me sens faire partie de la forêt. Je suis chez moi, profondément. Je respire les odeurs de terre, d’humidité, parfois de bouse de vache….les pieds suivent le même rythme et glissent ou s’enfoncent dans ce « je ne sais quoi » que je ne cherche pas à identifier et qui nous entraîne dans des fous rires d’enfants.<br /> La cordée avance…à l’aveugle…et change régulièrement de « meneuse » ou de « serre-file ».<br /> Je m’inscris volontiers dans ce turn-over. Le metteur en scène, absent, n’a imposé aucun scénario. Je suis libre de pensées et d’images et donc pour la première fois moi-même, dans ce présent. <br /> En tête de file, j’avance d’un pas ferme, sûre et tranquille. Ma curiosité est en alerte totale : je m’assure de poser mes pieds, prudemment. Je ralentis naturellement le rythme. Chaque mouvement est posé et évalué, dans la mesure juste du moment vécu, pour l’ensemble du groupe. Il ne s’agit pas ici d’une « posture » ou plutôt d’une imposture visant à « paraître » mais davantage d’une responsabilité intérieure à laquelle je réponds naturellement. C’est inné.<br /> Dans l’ici et mainte nant, je réalise que les gestes se posent d’eux-mêmes et n’ont pas besoin de suivre de protocoles ou de scénarios alambiqués pour jouer « un » rôle. Ils ne sont que mouvements fluides, naturels, se retrouvant eux-mêmes peut-être dans une première fois aussi.<br /> La position de « serre-file » est vécue différemment. Je m’éloigne volontairement et creuse un écart certain avec ma dernière compagne de groupe pour mieux goûter mes ressentis. Les perceptions des sens restent les mêmes : les yeux ne peuvent retransmettre d’images « connues » qui pourraient enclencher des réactions inscrites quelque part dans l’inconscient.<br /> A expérience neuve…place neuve…au présent et au non-joué d’avance. Il n’y a pas de juge car ici pas d’empreintes laissées. Je commence à appréhender la signification de la « nouvelle naissance » dont il est question dans certains ouvrages car j’avance comme un bébé qui naît au Monde et se laisse envahir par ce qu’il ressent pour mieux percevoir avant que ses yeux ne s’ouvrent sur le jugement à priori. C’est là, notre tout premier langage et je comprends que c’est vers celui-ci que je dois retourner. Il nous a été donné, en venant au monde. Nous savions déjà, si ce que nous percevions était juste pour nous, alors que nos yeux n’étaient pas encore ouverts. Je réalise combien nos yeux nous trompent, nous embarquent « à l’aveugle » dans des histoires parfois définitives et/ou enfermantes. Sans faire de retour intérieur, je peux condamner le Vivant : situations, personnes, lieux, actions, de façon radicale.<br /> J’ai aussi ma part dans cette fameuse radicalisation dont on parle tant à l’’extérieur. En écho, je reconnais cette « étrangère » (hors de ma véritable nature) qui radicalise de façon systématique les autres. Je porte aussi ce vêtement et au nom de mes propres yeux, je tue le Vivant…mes yeux sont devenus mon Dieu et en leur nom, je tue aussi…des innocents. Je décide de laisser résonner « Allah-Akbar » en moi et de m’y rattacher dès que mes yeux se poseront en juge et condamneront le Vivant pour l’exécuter sans pitié au nom de ce qu’ils voient, en apparence. Ce terrorisme doit cesser et ça doit commencer en moi car il me défigure. Les yeux nous ont été donnés pour nous dé-couvrir, ôter nous-même cette peau opaque qui s’apparente à la cataracte qui occulte la vraie Vision. <br /> Il est l’heure d’ouvrir les yeux sur la Vie. « La marche vers soi » m’en approche. Ces pas dans l’obscurité sont Lumières. Les petits lampions qu’ils allument sur ce chemin donnent un sens qui prend l’allure d’une large avenue sur laquelle on aurait posé des Hommes(Home) Statues qui ne demandent qu’à reprendre vie pour peu qu’on les approche de plus près. Je n’ai pas « fermé » la marche, ici….contrairement aux apparences.<br /> Mes yeux absents cèdent la place à ce que je lis à l’intérieur. La fameuse « Lumière » dont parlent les livres spirituels, je la touche du doigt, je la goûte, je m’en délecte et, pour la première fois, je la vois sans effort. Elle n’est plus abstraite. Ce n’est plus un mot. J’en fais l’expérience dans ce présent. Je la vis. Je sais où elle se trouve, désormais…du côté Vivant….dans ce qui est. A cet endroit, si entier que rien d’autre ne peut s’y immiscer. Le temps prend fin…avec les pensées. Enfin l’Eternité se goûte !<br /> Cette dernière place appelle un mot que je nomme « abandon ». Je l’accueille et lui demande de quoi il veut m’entretenir. Il me parle de solitude, d’éloignement, de rejet, de peur…j’accueille. Je ne peux faire que ça. A ce moment. Jamais un scénario ne se met en place. A aucun moment. C’est comme si je n’étais plus dotée d’un système de pensées. Rien ne se met en marche. J’habite la marche. Je suis la marche. Je suis ce que je suis, dans cet instant. J’accueille les mots pour ce qu’ils sont, sans interprétation. Je les reçois dans un lâcher prise total.<br /> J’accueille la peur, en me retournant plusieurs fois, pour me confronter à ce qui est….et continue ma marche en la réconfortant : « je peux bien mourir, en cet instant, je meurs chez moi, je suis heureuse » Le retour à moi-même efface tout.<br /> Je goûte à ce bain de nature avec délice, m’y dilue entièrement. Là est la nature. Ma nature. Les sels de la Terre se mélangent et transforment mes sens. Ils deviennent les huiles essentielles qui pénètrent ma peau et me chantent que les déserts amènent vers des oasis de pouponnières où les nouveaux nés reposent dans leur berceau naturel.<br /> Gratitude. Le lien que je pressentais depuis toujours entre moi et cette Nature, sans en comprendre le sens réel, devient ici l’expérience que je suis cette nature même. <br /> Comment pouvons-nous passer à côté de notre nature essentielle ? Comment pouvons-nous savoir qui nous sommes, en essence, sans nous plonger tout entier dans ce bain qui nous nettoie littéralement, qui nous parle son langage et nous rapproche du nôtre, profond, qui n’a d’autres voix que celle qu’on écoute.<br /> Nous passons une vie….à comprendre : les autres, les situations, le quotidien dans une petite vue, réductrice. Les clés sont ailleurs. <br /> La Nature est le « sésame, ouvre-toi » car elle répond à son propre appel. La serrure et la clé sont une. La serrure n’existerait pas sans la clé, ni la clé sans la serrure.<br /> Comment avons-nous pu oublier ça ? C’est en nous sentant Nature, profondément, que nous poserons un nouveau regard. L’écologie ne s’inscrit plus dans le faire (fer, de force) mais dans l’Etre.<br /> Parce que nous sommes Nature. Tant que nous n’habillerons pas notre « propre » vêtement, nous ne pourrons prendre conscience de son propre entretien. Il ne s’agit pas ici d’une phrase ou d’un propos à comprendre par le raisonnement mais plus d’une résonance de ce que nous sommes, profondément. Retourner à la Nature induit, de fait, le respect des gestes posés car alors ils naissent spontanément et non plus ordonnés par une « intelligence artificielle » qui cherche à imposer ou dicter.<br /> La nouvelle Conscience bourgeonne sur l’arbre de nos vies. L’écho résonne aux oreilles de qui est prêt à accueillir ce nouveau printemps. Il échauffe les esprits et mène ceux qu’il éveille à vouloir s’en approprier ses essences. Il devient « une mode », diront certains qui n’hésiteront plus à parler de « New Age » pour mieux dévaloriser le mouvement qu’ils sentent derrière l’étiquette. <br /> Ils ont saisi le mot juste : mode. Mais n’en ont pas fait la juste lecture.<br /> Ici il ne s’agit pas non plus de suivre « une » mode mais de retrouver « un » mode : celui de la nature, inscrit à l’intérieur de chacun. Celui qui sait, sans conteste, nous guider quand nous n’avons aucun prérequis préalable. Celui qui vit, sans repère, à priori, béquilles ou soutien extérieur. Nous goûtons alors l’élan pour ce qu’il est. Peu importe là où le pas suivant nous amènera. C’est le souffle qui nous habite dans l’instant, qui nous porte, et c’est tout ce que le corps retient. Une mémoire de corps, un élan vers le Vivant, non une petite case de notre esprit qui se remplit de mots que tôt au tard nous vomirons…à force de trop penser, sans en garder l’essentiel. Le ressenti, le perçu….dans le silence libre de mots. Le perçu non enfermant. Le perçu…sans aucune perception d’appartenance extérieure à nous.<br /> Le neuf qui se goûte dans son unicité naît hors zone de confort, dans des situations inédites. Quand nous partons à la découverte de notre propre territoire, en allant sur des terres inconnue, nous laissons place à cet élan qui nous transporte au-delà du vide, sur le fil de notre vie, comme un funambule à la recherche d’équilibre.<br /> <br /> <br /> Nouvelle halte : Jenny nous propose, cette fois-ci de partir chacune, de chaque côté du sentier et d’y passer un peu de temps, seule. Elle « sonnera » le ralliement….<br /> Mes yeux parcourent un endroit découvert, un champ –semble-t-il – avec des arbres installés au fond, qui donnent l’impression d’un certain périmètre à cet endroit. Je m’y engage, sereine, m’éloigne des craquements de branches qui signalent la proximité des pas de mes compagnes de route.<br /> Je m’arrête quelque part et apprécie l’instant. Je me sens bien. Ancrée. Mon cœur n’est pas inquiet. Je communie. Un vent léger me caresse le visage, en guise de câlin. Je reçois sa reconnaissance et entre une nouvelle fois en gratitude. En même temps que je me reconnecte à ma véritable nature, lui aussi se connecte à moi, dans un même élan. <br /> Qui a reconnu l’autre en premier ? Il n’y a pas de place pour le classement. Il n’y a que l’Un qui se reconnaît. Et la tendresse qui remplit le cœur…mon cœur… Profonde reconnaissance qui laisse la place à toute la saveur de l’instant. Il tourne autour de ma tête et se fraye un chemin à l’intérieur de mes oreilles pour me chuchoter un langage que j’accueille, sans en chercher la signification. Je m’imprègne de lui et de l’accueil qu’il m’accorde.<br /> A cet endroit que je nomme « non-naturel » dans le sens où je m’y réfère comme un lieu où je n’habite pas, où je pourrais être considérée comme « l’intruse » je sens une chaleur, une bienveillance. Le vent me souhaite la bienvenue et ce qui m’entoure répond à l’Amour qui se vit dans l’instant. Ce sentiment d’être chez moi résonne à nouveau. Je sens l’accueil par tous les pores de ma peau. Je suis en sécurité. Je m’imprègne de ce ressenti. Tout s’accorde à me faire cette place, naturellement. Il n’y a pas de faux semblants à cet endroit. Et je goûte avec encore plus de conscience cette générosité. <br /> L’accueil a une saveur de plus, dans le « neuf ». Il n’est entier qu’à cet endroit, libre de ne rien poser. Bientôt j’entends que les arbres sont aussi rentrés dans ce mouvement. Nous partageons ce murmure et nos corps participent au chœur de cette symphonie. Nous frémissons aux mêmes rythmes et dansons ici la même Vie. Chacun est à sa place et la Terre se réjouit de ce clair-obscur dont les racines se rejoignent en son sein. Elle accueille ses enfants, réunis à ses pieds. La sève se fraye un chemin sûr. Elle y lit une nouvelle vibration.<br /> Dans le lointain, les chiens entendent ce qui se joue et saluent de concert ce pas sage d’Unicité.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Jenny nous rappelle : La Vie se dit….les oreilles écoutent…le goût se partage autour d’une boisson chaude…nos pieds touchent la Terre….nos narines s’emplissent de son odeur…. Nos yeux perçoivent l’Invisible.<br /> La « cordée » repart….tantôt sur un sentier, tantôt sur des routes traversant le milieu naturel. Certaines confieront plus tard avoir perçue la souffrance vécue par les animaux par l’intrusion au cœur de leur vie, de ces chemins goudronnés, jalonnés de panneaux indiquant un « danger » de traversée d’animaux. Etrange distorsion de la réalité qu’on nous donne à lire. Ne nous y trompons pas et rétablissons la vérité qui s’y lit : « attention, danger ! Route qui traverse une forêt. Respectez la Vie qui peut la traverser » <br /> Le ciel, en harmonie, réunit toutes les étincelles qui nous habitent en un parterre d’étoiles. Ces petites lumières concentrées nous la jouent manière flahmob. Mobilisation éclair ….c’est bien ça…ça se joue dans l’instant…et donc cette synchronicité n’a rien de surprenant…elle s’inscrit dans la fluidité de ce moment présent. Délicieux présent…<br /> Nos yeux absorbent avec gourmandise ce bain de lucioles émergeant de nos profondeurs en des éclats de vie qui illuminent le ciel… Quand l’intérieur se projette à l’extérieur, il peut aussi donner lieu à des spectacles saisissants. Nous en vivons l’expérience. Ainsi, nous avons donné vie à la Vie qui se vivait à l’intérieur de nous. Chacune y a participé et chaque petite étoile rallumée à l’intérieur a trouvé une résonnance, une vibration, un scintillement dans le ciel de nos Vies qui se rejoignent, dans l’instant. Oui, nous avons cette faculté. Elle se situe dans l’émerveillement de ce que nous sommes. La facilité et la simplicité qui se traduisent à la lecture ne sont, ni plus ni moins, le mode d’emploi de notre réalité.<br /> <br /> <br /> Jenny nous montre la constellation d’Orion qui se révèle dans ce ciel si dégagé. J’apprends, par la suite, que c’est une nébuleuse en émission/réflexion et j’y entrevois une nouvelle synchronicité de ce que nous vivions à l’intérieur. Un alignement parfait donne lieu à des lectures aussi parfaites….dans la Nature. Tout retrouve Un sens !<br /> « Orion compte 7 étoiles les plus brillantes. 4 étoiles forment un rectangle au milieu duquel se trouvent un alignement de 3 autres étoiles « les Rois Mages » qui constituent une signature remarquable ».<br /> La « magie » existe. J’apprends, dans cette aventure, que nous avons en nous, la baguette mais que pour la voir agir en réflexion elle doit d’abord prendre vie en nous. Elle est une corde à notre arc mais si nous l’écartons de la danse de la vie, nous n’en connaîtrons jamais son élan.<br /> <br /> Nos pas se poursuivent la rencontre de cet inattendu qui se pose là, en un mugissement grave et profond qui signale la proximité d’un cerf.<br /> « Il nous avertit de sa présence » dira Jenny. Nous nous immobilisons, attentives. Son cri amplifie la profondeur du silence dans lequel je m’étais immergée jusque-là et le son qui s’en dégage rappelle que le Vivant y est présent.<br /> Il peut se dire, résonner et être accueilli dans cette obscurité et ce silence sans que rien ne s’y oppose. Le Souffle le porte et l’emporte….<br /> Chaque place est respectée : le cerf brame et rejoint le souffle dans une communion intime qui, naturellement, porte et emporte cette expiration vers une nouvelle naissance dont la Nature, seule, sait ce qu’elle sera. Tout est en ordre… N’y-a-t-il pas, là, à méditer ?<br /> <br /> Nous reprenons notre chemin et retrouvons bientôt une petite route qui serpente. A cet endroit, comme des enfants joyeuses, nous acceptons un nouveau jeu : nous parcourons les courbes que nous devinons, en marchant à reculons, sans jamais nous retourner pour ne pas « tricher ».<br /> Aucune ne tentera cette supercherie, trop impatiente de goûter ce nouveau plaisir qui laissera ses empreintes en nous.<br /> Tourner le dos et marcher à reculons…. A ce qui se présente… s’inscrit dans un effort. Je découvre que ce n’est pas un mouvement naturel et qu’ici, il ne trouve pas sa place….C’est le cas de le dire. Il « enferme » et ne permet aucun élan en avant. <br /> Je n’épouse pas le chemin, je m’y adapte comme je le peux. Ces hésitations m’amènent sur les bas-côtés caillouteux…. Je cherche un équilibre dans mon corps. Je ralentis et pose mes pas : je suis le mouvement de mes pieds dans l’ondulation que je sens de mes orteils à mes talons et découvre une assurance certaine, à cet endroit. Je goute à cette fluidité soudaine et perçois que dans cette attention soutenue à la Vie qui se déroule, je trouve l’appui nécessaire pour y donner un élan, si je le souhaite.<br /> Je m’émerveille. « La marche vers Soi » continue son approche….Elle allume des pistes de hautes altitudes. Une méditation éveillée qui enseigne à mon corps bien des leçons….<br /> <br /> <br /> Nous rentrons dans un petit hameau où Jenny nous indique la présence d’un chien dont les aboiements peuvent nous surprendre sans qu’ils ne présentent de réels « dangers » pour …nos mollets…<br /> Ce soir, au bal masqué , ils prennent l’allure de deux messieurs postés sur leur terrasse, surpris par ces 6 femmes qui « randonnent en pleine nuit, à cette heure si tardive » et aboyant à pleine gorge devant ce spectacle dont ils ne saisiront probablement jamais le goût du « neuf » de façon consciente.<br /> Quand la surprise est sue et attendue ….elle se manifeste à l’extérieur, inexorablement, mais se joue de l’autre côté et nous la goûtons alors en spectatrice de ce que nous avons « pressenti ». <br /> <br /> Nous replongeons dans un de ces sentiers où les arbres se sont accordés à faire un toit en étendant leurs bras dans une étreinte amoureuse qui se pose, ici, comme seule témoin de leur union invisible. J’y vois un berceau où les bébés que nous sommes redevenues se sentent heureuses.<br /> Je gigote et secoue mes « couches » qui se nettoient naturellement, au rythme de ce que je sens. Nettoyage écologique, recyclage instantané. On n’aura pas besoin de me changer. Ici le « faire » n’a pas non plus sa place. La Nature se projette en moi. Je deviens la Nature et j’adopte, de fait, par mimétisme ces principes.<br /> Le calme feutré de ce toit improvisé enveloppe mon être d’une sérénité que je reconnais comme étant la mémoire ravivée d’une saveur lointaine et pourtant « déjà goutée ». Une note déjà jouée sur « l’instrument » de la vie. Un « la » qui s’accorde pour mieux savourer la vibration de la symphonie tout entière.<br /> La sérénité est la musicienne qui fait vibrer les cordes de l’Etre en des échos d’éternité : là où plus rien ne se joue, ses notes se font entendre. <br /> Sans concertation, nous projetons cette étreinte offerte en un cercle où nos mains se rejoignent de concert pour prolonger ce toit qui se fond en un seul Moi.<br /> Nos racines communes se lient dans un langage que seuls, nos corps comprennent. Nous ne cherchons rien. Aucune. Nous sommes présentes, uniquement. Vivantes. Dans ce « vide » nous sommes comme des ballons tellement remplies du Souffle et tellement légères que même si un élément extérieur venait à nous effleurer, il rebondirait aussitôt à l’opposé, au même rythme. Ici nous avons pris de l’altitude…<br /> Nos bras se sont joints au toit du berceau et, ensemble, nous visitons les cieux. <br /> Les mains se délient dans le visible mais conservent leur intimité dans les corps. On sait qu’elles y demeurent. Les mots n’ont aucune utilité. Je sais que les autres savent et réciproquement. Le silence devient langage entendu.<br /> Quelques pas chantent la reprise de la marche et un élan me pousse vers une de mes compagnes. Moment de vie, de respiration qui demande à communier davantage avec ce présent qui se donne à lui-même. C’est possible. Oui, c’est donc possible de « toucher » ce présent. Il n’est pas à toucher du doigt mais à toucher en son cœur. Ce présent dont on parle ne peut être perçu que comme un présent emballé dont on découvrirait seulement la beauté après en avoir froissé ce qui l’entoure de son propre langage. Le présent ne peut se parler.<br /> La présence à soi est le présent. Nu. Neuf. Sitôt habillé de mental et le voilà vieux…passé…et projeté dans un ailleurs rêvé que nous nommerons futur. Le présent est l’expérience de la présence à soi. Votre présent vous appartient, en propre. <br /> <br /> <br /> Une nouvelle halte régale nos papilles : Jenny propose un peu plus de cette tisane-thé qui ravit nos palais. Le thermos se vide jusqu’à la dernière goutte. Nous en lisons le symbole que notre guide ne tarde pas à formuler « nous arrivons aussi au terme de cette balade ».<br /> Même la tristesse qui aurait pu s’installer sur un scénario écrit n’arrive pas à pénétrer mon cœur. Je suis toujours vivante et présente à moi-même. J’ai le cœur rempli, rempli, rempli…et je garde cette « pleinitude » vivante. Je suis ici. Toujours.<br /> <br /> Nous arrivons sur le parking et nous regroupons autour du véhicule de Jenny. Nous percevons nos remerciements réciproques. Jenny nous parle de ses balades qui font qu’elle se sent vivante et dont elle ne pourrait se passer et nous demande d’en parler autour de nous, car elle a du mal à travailler. <br /> Nos corps l’entendent pour avoir partagé ce présent qui nous semblait commun mais que, pourtant, chacune s’est offerte à elle-même. Nos empreintes personnelles sont gravées à l’intérieur de chacune. L’instant présent de chacune a été partagé dans l’Unique…dans le Neuf. Sa nature profonde était la même. A cet endroit, nous avons communié avec La Présence, le « Je Suis »….<br /> Nous nous séparons, toujours vivantes, nous pressant les unes les autres, comme pour mieux recueillir les dernières gouttes qui pourraient s’échapper, hors de ce présent, vers un temps qui ne nous appartiendrait plus. <br /> <br /> <br /> Un « clic » accompagne l’ouverture de mon véhicule. Nous nous y glissons et reprenons contact avec le temps…<br /> 00h03…..<br /> Nous nous « vautrons » dans le passé. Etre vivante est « simple », ai-je dit. Etre morte-vivante, l’est tout autant. Nous retournons, de façon toute aussi naturelle, à cet état : les commentaires vont bon train : « déjà !....0h03 ! On n’a pas vu le temps passer… » Bla bla bla. Bla bla bla….<br /> L’intellect veut alors poser ses balises, valises devrais-je écrire, pour « transformer l’essai » en se réappropriant ce temps qui n’existe que pour lui. Il veut s’assurer que la « petite mort » qu’il a vécu n’en est pas vraiment une puisqu’il s’attache à mettre des mots à lui dans cet espace-temps qu’il réussira à remplir…..<br /> <br /> Ces mots s’inscrivent dans le passé et ne sont que le pâle reflet du Vivant qui ne peut se dire. Ils se veulent l’écho d’un appel.<br /> Je vous souhaite de l’entendre…<br /> Sortir de sa zone de confort n’a d’inconfortable que « l’idée » qu’on s’en fait. C’est le premier pas de « la marche vers Soi ». L’aventure vers une Vie…la découverte de « notre » Amérique…<br /> La découverte de ce continent pour et par chacun constitue la clé de ce « nouveau » Monde. Elle ouvre des ports qui nous amènent au seuil de…l’Unique, partagé, comme les arbres constituent la Nature sans qu’aucun ne fasse ombre à l’autre, élevés dans leurs racines communes, dans cette Présence réunifiée…<br /> <br /> La Nature apprend à respecter :<br /> - nos rythmes, <br /> - la présence du Vivant dans toutes ses parties : chacune à sa place, contribue à l’éclosion d’une autre dans une chaîne qui ne blesse pas les chairs mais accompagne sa gestation vers une nouvelle naissance qui en embellit l’ensemble<br /> - l’écoute de ce qui peut se dire, dans un langage propre à chacun, accueilli dans ce Souffle qui la traverse, pour ce qu’il Est à cet instant.<br /> A ce « la » (là) seulement s’accordent les actions nées du fil invisible de ces vibrations qui jouent, de concert, dans nos intérieurs.<br /> C’est là que la Vie se Joue : dans la Présence à soi …partagée par Tous, elle Est Présence Unique, le « Je Suis »….<br /> -<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> En marche vers Soi….<br /> <br /> C’est ce qui m’a appelé « au hasard » de recherches ce mercredi. J’avais posé quelques jours de congés, bien décidée à les vivre à autre chose que de regarder défiler le temps après avoir accompli mes tâches habituelles et quotidiennes, bien « sagement », à la maison, entre ménage, repas, ordinateur et lecture.<br /> Il était clair que j’avais besoin de sortir de ce « cadre ». Nous étions déjà mercredi et c’était « le » jour pour démarrer, « le » jour où jamais .<br /> Installée devant mon ordinateur, page ouverte sur Facebook, « au hasard » je clique sur « Evènements » et sélectionne la date d’aujourd’hui. Apparaissent alors concerts, ateliers, conférences, expositions en tous genres. Mon index s’agite sur la souris, s’arrête parfois pour fouiller l’information, puis repart de plus belle….<br /> Tantôt plus tôt – l’atelier avait déjà débuté – tantôt trop tard – l’évènement avait lieu en soirée. Le balancier faisait de grands écarts et ce qui semblait juste ne trouvait pas sa place, au milieu. <br /> Le point de focalisation est enfin arrivé : mes yeux ont mis fin au rythme en avalant ces mots : « Balade de nuit : en marche vers Soi ». Balade en nature de 20h30 à 23 heures, dans une vallée proche de Foix, en compagnie d’une guide de montagne.<br /> <br /> <br /> <br /> Je contacte Jenny. Peu de personne semblent intéressées et je me questionne sur le maintien de ce rendez-vous. Je sais que cette balade va me faire sortir de ma zone de confort et, pour cette raison, je suis bien décidée de m’y rendre. <br /> Je pose les règles et m’entends avec moi-même : je m’autorise à « partager » l’évènement avec ma famille proche mais ne me laisserait pas démonter si personne ne suit. C’est clair. Je suis d’accord, je partirai, même seule.<br /> Je me mets alors à la recherche de point de chute pour la nuit car je ne veux pas rentrer sur Toulouse après la balade. Il est aux alentours de 10h30-11 heures. Je poursuis mes recherches, cette fois-ci, sur des sites riches en énergies vibratoires dans la région Midi-Pyrénées.<br /> Saint Bertrand de Comminges abrite des lieux qui m’attirent, notamment la Basilique Saint Just sur laquelle je trouve de précieuses indications sur la façon de la visiter qui appellent aussi quelque chose en moi. J’imprime ces feuilles qui serviront à m’orienter.<br /> 14 heures 15 : ma nièce appelle et se trouve très séduite par la proposition partagée sur Facebook. Toujours sans nouvelle de Jenny, je lui confie mes doutes sur le maintien de cette balade. Nous convenons alors de nous recontacter un peu plus tard.<br /> Pause-déjeuner : oui…il est un peu tard mais je suis en vacances et j’abandonne aussi les rendez-vous fixes des repas…une autre façon de s’écouter sur ce « chemin vers soi »…<br /> 15 heures ….mon portable sonne et me rapproche un peu plus de cette marche. C’est Jenny. La balade est maintenue, les conditions sont énoncées et les balises me conviennent. Le rendez-vous est posé pour 20h30 à Foix.<br /> Tout va alors très vite et les enchaînements me surprennent dans la rapidité que j’y attache. Peut-être pour m’éviter d’y poser des résistances ? Non…je sens à l’intérieur de moi que cela répond à un élan naturel sur lequel ne s’inscrit aucune crainte. C’est plutôt de l’effervescence…. J’en ressens les bulles qui me font trépigner vers cette « aventure ». J’attrape en hâte, un sac, y jette littéralement des vêtements confortables : pulls, veste, chaussette, foulard, écharpe, manteau, pantalon de jogging, jean et une trousse de toilette, l’appareil photos indispensable, 2 livres, 1 carnet de notes, mon pendule….<br /> Je joins ma nièce et nous convenons de nous retrouver chez elle aux alentours de 18 h-18h30.<br /> J’appelle un contact pour la réservation de la nuit. C’est la dernière chambre : je la prends.<br /> Derniers préparatifs pratiques : alimenter sa voiture, prévoir quelques encas (eau, fruits frais et secs).<br /> Je préviens ma moitié, au courant de mon envie de m’éloigner quelques jours. Je reconnais le côté un peu précipité, rapide et rude de l’information, guidée par l’urgence de devoir aussi récupérer les clés de notre chambre d’hôtel, avant 20h30, heure du rendez-vous fixé à Foix pour la balade.<br /> Tout est calé. L’aventure commence….<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Nous arrivons à Foix aux alentours de 20 heures. Saint Pierre de Rivière est à une poignée de minutes…Nous y arrivons et découvrons la charmante chambre qui abritera notre nuit et accueillera nos échanges.<br /> La précieuse clé en main, le code de nuit parfaitement enregistré dans un petit coin de notre mémoire, je goûte à ce dernier instant qui boucle le côté sécurisant et confortable qui m’amènera à la légèreté de la découverte qui s’ensuivra.<br /> Sur le parking, en face des halles de Foix, nous repérons facilement Jenny, déjà présente, accompagnée de trois personnes. La malle ouverte sur des équipements de toutes sortes ne peut nous tromper.<br /> Les présentations sont simples, amicales, franches. Le groupe est constitué de femmes dont aucune n’a déjà fait cette expérience. Nous avons des points communs et s’installe déjà un fil invisible….comme une connivence…<br /> Jenny nous guide, en voiture, jusqu’au point de départ de la balade. Nous nous garons dans ce qui semble être un hameau et nous nous rejoignons devant sa voiture. Nous nous équipons de nos manteaux et k-way, la pluie est au rendez-vous aussi.<br /> Jenny énonce les règles :<br /> « Les portables ne sont pas de mises et doivent être coupés. Nous avancerons sans lumière artificielle. Nous ne parlerons pas entre nous en marchant. Nous vivons le moment présent, à l’intérieur, dans nos ressentis. Nous sommes attentives à être bien ancrées au sol, à la Terre. »<br /> Balade à l’intérieur de Soi, à la recherche de nous-mêmes en côtoyant le monde du Vivant en nous, notre présence à nous-mêmes à travers nos ressentis. Comment, privées du sens de la vue, appréhendons-nous la marche, l’obscurité, les bruits, les odeurs, le silence. Comment goûtons-nous le « connu » devenu « inconnu », dans ce présent si présent. Ou quand nous prenons conscience que pour connaître l’extérieur il faut le goûter, le savourer, l’expérimenter de l’intérieur car alors l’intellect, ne peut se poser qu’en veilleuse devant le feu d’artifice de nos sens.<br /> Je découvre qu’il existe, ici, un autre langage et que sa force est une autorité qui met fin à toute superficialité que voudrait énoncer l’intellect. C’est trop fort pour lui. Il abdique dans ce présent, si présent de tous les sens qu’il ne trouve plus de sens à lui-même. A l’écriture, je décèle que l’intellect n’a pas de sens. Découverte d’un trésor qui, lui, prend un sens dans mon Etre. Il n’a de consistance que celle que je veux bien lui accorder quand je suis dans les non-sens.<br /> Jenny nous invite à lui signaler tout état de mal être que nous pourrions rencontrer, au hasard de nos pas. Elle ouvrira la marche pour nous mener au point de départ. Nous ferons une boucle : nous abandonnons la notion de temps. Elle nous indique des balises – entre plus ou moins 2 heures. C’est ce que nous ressentirons, chacune, qui posera le rythme de cette marche, ni plus ni moins. Ici, il n’y a que le présent auquel nous nous accorderons.<br /> Avant de s’engager dans le sentier, Jenny indique qu’elle prendra la tête de marche, seulement quand nous devrions changer de direction. Chacune aura à expérimenter différentes places : tantôt chef de file, tantôt au sein du groupe, tantôt en queue de peloton. Elle insiste sur le principe de rythme propre à chacune : il ne s’agit pas d’une course ni de « vouloir » afficher une résistance à un « effort » mais plutôt de vivre de l’intérieur, de reconnaître et d’accepter nos propres limites, dans l’instant, sans poser de jugement. Rester observateur de ce qui est…<br /> Le ton est donné. Nous nous engageons sur un chemin les unes derrière les autres. La montée est rude et mes compagnes de route la mènent à une allure qui leur convient. Je ne tarde pas à percevoir les battements précipités de mon cœur qui m’indiquent que je dois ralentir. Je dois m’accorder à ce qu’ils demandent, dans l’instant. Suis-je prête ? Il semble qu’il n’y ait pas de résistance en moi. Je suis tellement présente à mon cœur et à mes oreilles qui l’entendent frapper que je ne laisse aucune place à autre chose. Je ralentis, pose mes pas doucement, inspire, expire à mon rythme et m’attache à poser mon regard sur ce que je réussis parfois à percevoir : les silhouettes de mes compagnes, les ombres qui parsèment le chemin, sans que je ne sois réellement capable d’identifier quoi que ce soit. <br /> Un inconfort s’installe….. J’ai chaud. Trop chaud….J’ôte la capuche de mon manteau et goûte à la petite pluie qui persiste timidement. J’apprécie sa douce présence qui s’offre, dans cet instant qui semble être faite « juste pour moi », pour répondre à mon besoin. Comme si elle savait qu’elle pourrait être précieuse et découverte ainsi, au moment « T » pour et par la vie en mouvement…ailleurs…<br /> Je sais alors que désormais je ne verrais plus la pluie comme désagréable et empêchante, restrictive à nos actions… je me connecterai à elle pour qu’elle me murmure auprès de qui elle est au chevet. Qui a besoin d’apprécier sa douce présence ? Quelle autre vie en mouvement l’attend pour en goûter sa fraîcheur ? Qui a besoin de nourrir son regard autrement ? Je découvre la pluie comme une séductrice qui s’offre généreusement dans l’Amour de ce qu’elle sait apporter. Riche d’elle-même, elle nettoie les regards de ceux qui percoivent ces caresses avec volupté. Echange d’un « baiser » qui coule et épouse nos sens…Essence qui se reconnaît en l’autre….mouvement partagé vers un besoin commun : celui d’Etre, ensemble, ici et maintenant. Jonction d’un appel commun vers la quiétude…Joie du corps qui accueille ce moment dans une reconnaissance infinie…L’inconfort disparaît et appelle la découverte…<br /> Je m’épluche : de même que je me sépare des épaisseurs de mes vêtements, je découvre et me découvre. Ma respiration retrouve son rythme. Je suis plus légère.. J’accueille alors complètement le Souffle. Il n’y a plus de résistance à cet endroit non plus. J’accorde la cadence de mes pas à mon propre souffle. Je remplis mes poumons de ce nouveau Souffle, me laisse le temps de l’accompagner sur son propre chemin et vide tout ce qui peut l’être, sans me soucier de sa nature, dans une profonde expiration.<br /> Bientôt, je ne tarde pas à sentir sa caresse sur mon visage. Il balaie doucement mon front et chante à mes oreilles un son que je connais. Il entre dans mes perceptions et m’en fait saisir les nuances à chaque balancement que ma tête effectue, comme si elle cherchait un sens. Ma tête a décidé de faire danser mes oreilles au gré du souffle qui y rentre. Elle cherche le rythme qui lui convient pour mieux en épouser le son. Le balancement ressemble alors aux mouvements qu’adopte l’oiseau sur la branche quand il pressent une présence, sa tête tantôt penchée à gauche, tantôt à droite, en quête d’un sens ou d’un mouvement en préparation, une « curiosité », un point d’interrogation semble habiter son comportement. Le « qui »vive…ce « qui » dont notre intellect se délecterait EST là où notre intellect n’est pas : dans le Vivant, le présent, le sans nom. « Qui » que ce soit….EST. Accueillons-le. Qu’IL vive en moi me suffit….ici….<br /> Gratitude…c’est ce qui m’habite. Je découvre un sens. J’expérimente dans mon corps, les éléments et perçois de façon nette leur fonction propre et combien nous sommes reliés. J’ai la perception, ici et maintenant, qu’ils participent à ce que je suis, dans le sens où ils ont répondu à un besoin qui m’était propre, de façon naturelle. J’ai le sentiment profond que cette intériorisation doit être poursuivie….<br /> Nous nous retrouvons petit à petit dans une halte posée à l’initiative de Jenny : elle s’assure que tout se passe bien pour chacune d’entre nous et cède sa place à qui veut bien prendre le relais. <br /> Mes yeux se sont habitués à la pénombre, à l’obscurité. La pluie a cessé. Je me sens bien. Je me sens faire partie de la forêt. Je suis chez moi, profondément. Je respire les odeurs de terre, d’humidité, parfois de bouse de vache….les pieds suivent le même rythme et glissent ou s’enfoncent dans ce « je ne sais quoi » que je ne cherche pas à identifier et qui nous entraîne dans des fous rires d’enfants.<br /> La cordée avance…à l’aveugle…et change régulièrement de « meneuse » ou de « serre-file ».<br /> Je m’inscris volontiers dans ce turn-over. Le metteur en scène, absent, n’a imposé aucun scénario. Je suis libre de pensées et d’images et donc pour la première fois moi-même, dans ce présent. <br /> En tête de file, j’avance d’un pas ferme, sûre et tranquille. Ma curiosité est en alerte totale : je m’assure de poser mes pieds, prudemment. Je ralentis naturellement le rythme. Chaque mouvement est posé et évalué, dans la mesure juste du moment vécu, pour l’ensemble du groupe. Il ne s’agit pas ici d’une « posture » ou plutôt d’une imposture visant à « paraître » mais davantage d’une responsabilité intérieure à laquelle je réponds naturellement. C’est inné.<br /> Dans l’ici et mainte nant, je réalise que les gestes se posent d’eux-mêmes et n’ont pas besoin de suivre de protocoles ou de scénarios alambiqués pour jouer « un » rôle. Ils ne sont que mouvements fluides, naturels, se retrouvant eux-mêmes peut-être dans une première fois aussi.<br /> La position de « serre-file » est vécue différemment. Je m’éloigne volontairement et creuse un écart certain avec ma dernière compagne de groupe pour mieux goûter mes ressentis. Les perceptions des sens restent les mêmes : les yeux ne peuvent retransmettre d’images « connues » qui pourraient enclencher des réactions inscrites quelque part dans l’inconscient.<br /> A expérience neuve…place neuve…au présent et au non-joué d’avance. Il n’y a pas de juge car ici pas d’empreintes laissées. Je commence à appréhender la signification de la « nouvelle naissance » dont il est question dans certains ouvrages car j’avance comme un bébé qui naît au Monde et se laisse envahir par ce qu’il ressent pour mieux percevoir avant que ses yeux ne s’ouvrent sur le jugement à priori. C’est là, notre tout premier langage et je comprends que c’est vers celui-ci que je dois retourner. Il nous a été donné, en venant au monde. Nous savions déjà, si ce que nous percevions était juste pour nous, alors que nos yeux n’étaient pas encore ouverts. Je réalise combien nos yeux nous trompent, nous embarquent « à l’aveugle » dans des histoires parfois définitives et/ou enfermantes. Sans faire de retour intérieur, je peux condamner le Vivant : situations, personnes, lieux, actions, de façon radicale.<br /> J’ai aussi ma part dans cette fameuse radicalisation dont on parle tant à l’’extérieur. En écho, je reconnais cette « étrangère » (hors de ma véritable nature) qui radicalise de façon systématique les autres. Je porte aussi ce vêtement et au nom de mes propres yeux, je tue le Vivant…mes yeux sont devenus mon Dieu et en leur nom, je tue aussi…des innocents. Je décide de laisser résonner « Allah-Akbar » en moi et de m’y rattacher dès que mes yeux se poseront en juge et condamneront le Vivant pour l’exécuter sans pitié au nom de ce qu’ils voient, en apparence. Ce terrorisme doit cesser et ça doit commencer en moi car il me défigure. Les yeux nous ont été donnés pour nous dé-couvrir, ôter nous-même cette peau opaque qui s’apparente à la cataracte qui occulte la vraie Vision. <br /> Il est l’heure d’ouvrir les yeux sur la Vie. « La marche vers soi » m’en approche. Ces pas dans l’obscurité sont Lumières. Les petits lampions qu’ils allument sur ce chemin donnent un sens qui prend l’allure d’une large avenue sur laquelle on aurait posé des Hommes(Home) Statues qui ne demandent qu’à reprendre vie pour peu qu’on les approche de plus près. Je n’ai pas « fermé » la marche, ici….contrairement aux apparences.<br /> Mes yeux absents cèdent la place à ce que je lis à l’intérieur. La fameuse « Lumière » dont parlent les livres spirituels, je la touche du doigt, je la goûte, je m’en délecte et, pour la première fois, je la vois sans effort. Elle n’est plus abstraite. Ce n’est plus un mot. J’en fais l’expérience dans ce présent. Je la vis. Je sais où elle se trouve, désormais…du côté Vivant….dans ce qui est. A cet endroit, si entier que rien d’autre ne peut s’y immiscer. Le temps prend fin…avec les pensées. Enfin l’Eternité se goûte !<br /> Cette dernière place appelle un mot que je nomme « abandon ». Je l’accueille et lui demande de quoi il veut m’entretenir. Il me parle de solitude, d’éloignement, de rejet, de peur…j’accueille. Je ne peux faire que ça. A ce moment. Jamais un scénario ne se met en place. A aucun moment. C’est comme si je n’étais plus dotée d’un système de pensées. Rien ne se met en marche. J’habite la marche. Je suis la marche. Je suis ce que je suis, dans cet instant. J’accueille les mots pour ce qu’ils sont, sans interprétation. Je les reçois dans un lâcher prise total.<br /> J’accueille la peur, en me retournant plusieurs fois, pour me confronter à ce qui est….et continue ma marche en la réconfortant : « je peux bien mourir, en cet instant, je meurs chez moi, je suis heureuse » Le retour à moi-même efface tout.<br /> Je goûte à ce bain de nature avec délice, m’y dilue entièrement. Là est la nature. Ma nature. Les sels de la Terre se mélangent et transforment mes sens. Ils deviennent les huiles essentielles qui pénètrent ma peau et me chantent que les déserts amènent vers des oasis de pouponnières où les nouveaux nés reposent dans leur berceau naturel.<br /> Gratitude. Le lien que je pressentais depuis toujours entre moi et cette Nature, sans en comprendre le sens réel, devient ici l’expérience que je suis cette nature même. <br /> Comment pouvons-nous passer à côté de notre nature essentielle ? Comment pouvons-nous savoir qui nous sommes, en essence, sans nous plonger tout entier dans ce bain qui nous nettoie littéralement, qui nous parle son langage et nous rapproche du nôtre, profond, qui n’a d’autres voix que celle qu’on écoute.<br /> Nous passons une vie….à comprendre : les autres, les situations, le quotidien dans une petite vue, réductrice. Les clés sont ailleurs. <br /> La Nature est le « sésame, ouvre-toi » car elle répond à son propre appel. La serrure et la clé sont une. La serrure n’existerait pas sans la clé, ni la clé sans la serrure.<br /> Comment avons-nous pu oublier ça ? C’est en nous sentant Nature, profondément, que nous poserons un nouveau regard. L’écologie ne s’inscrit plus dans le faire (fer, de force) mais dans l’Etre.<br /> Parce que nous sommes Nature. Tant que nous n’habillerons pas notre « propre » vêtement, nous ne pourrons prendre conscience de son propre entretien. Il ne s’agit pas ici d’une phrase ou d’un propos à comprendre par le raisonnement mais plus d’une résonance de ce que nous sommes, profondément. Retourner à la Nature induit, de fait, le respect des gestes posés car alors ils naissent spontanément et non plus ordonnés par une « intelligence artificielle » qui cherche à imposer ou dicter.<br /> La nouvelle Conscience bourgeonne sur l’arbre de nos vies. L’écho résonne aux oreilles de qui est prêt à accueillir ce nouveau printemps. Il échauffe les esprits et mène ceux qu’il éveille à vouloir s’en approprier ses essences. Il devient « une mode », diront certains qui n’hésiteront plus à parler de « New Age » pour mieux dévaloriser le mouvement qu’ils sentent derrière l’étiquette. <br /> Ils ont saisi le mot juste : mode. Mais n’en ont pas fait la juste lecture.<br /> Ici il ne s’agit pas non plus de suivre « une » mode mais de retrouver « un » mode : celui de la nature, inscrit à l’intérieur de chacun. Celui qui sait, sans conteste, nous guider quand nous n’avons aucun prérequis préalable. Celui qui vit, sans repère, à priori, béquilles ou soutien extérieur. Nous goûtons alors l’élan pour ce qu’il est. Peu importe là où le pas suivant nous amènera. C’est le souffle qui nous habite dans l’instant, qui nous porte, et c’est tout ce que le corps retient. Une mémoire de corps, un élan vers le Vivant, non une petite case de notre esprit qui se remplit de mots que tôt au tard nous vomirons…à force de trop penser, sans en garder l’essentiel. Le ressenti, le perçu….dans le silence libre de mots. Le perçu non enfermant. Le perçu…sans aucune perception d’appartenance extérieure à nous.<br /> Le neuf qui se goûte dans son unicité naît hors zone de confort, dans des situations inédites. Quand nous partons à la découverte de notre propre territoire, en allant sur des terres inconnue, nous laissons place à cet élan qui nous transporte au-delà du vide, sur le fil de notre vie, comme un funambule à la recherche d’équilibre.<br /> <br /> <br /> Nouvelle halte : Jenny nous propose, cette fois-ci de partir chacune, de chaque côté du sentier et d’y passer un peu de temps, seule. Elle « sonnera » le ralliement….<br /> Mes yeux parcourent un endroit découvert, un champ –semble-t-il – avec des arbres installés au fond, qui donnent l’impression d’un certain périmètre à cet endroit. Je m’y engage, sereine, m’éloigne des craquements de branches qui signalent la proximité des pas de mes compagnes de route.<br /> Je m’arrête quelque part et apprécie l’instant. Je me sens bien. Ancrée. Mon cœur n’est pas inquiet. Je communie. Un vent léger me caresse le visage, en guise de câlin. Je reçois sa reconnaissance et entre une nouvelle fois en gratitude. En même temps que je me reconnecte à ma véritable nature, lui aussi se connecte à moi, dans un même élan. <br /> Qui a reconnu l’autre en premier ? Il n’y a pas de place pour le classement. Il n’y a que l’Un qui se reconnaît. Et la tendresse qui remplit le cœur…mon cœur… Profonde reconnaissance qui laisse la place à toute la saveur de l’instant. Il tourne autour de ma tête et se fraye un chemin à l’intérieur de mes oreilles pour me chuchoter un langage que j’accueille, sans en chercher la signification. Je m’imprègne de lui et de l’accueil qu’il m’accorde.<br /> A cet endroit que je nomme « non-naturel » dans le sens où je m’y réfère comme un lieu où je n’habite pas, où je pourrais être considérée comme « l’intruse » je sens une chaleur, une bienveillance. Le vent me souhaite la bienvenue et ce qui m’entoure répond à l’Amour qui se vit dans l’instant. Ce sentiment d’être chez moi résonne à nouveau. Je sens l’accueil par tous les pores de ma peau. Je suis en sécurité. Je m’imprègne de ce ressenti. Tout s’accorde à me faire cette place, naturellement. Il n’y a pas de faux semblants à cet endroit. Et je goûte avec encore plus de conscience cette générosité. <br /> L’accueil a une saveur de plus, dans le « neuf ». Il n’est entier qu’à cet endroit, libre de ne rien poser. Bientôt j’entends que les arbres sont aussi rentrés dans ce mouvement. Nous partageons ce murmure et nos corps participent au chœur de cette symphonie. Nous frémissons aux mêmes rythmes et dansons ici la même Vie. Chacun est à sa place et la Terre se réjouit de ce clair-obscur dont les racines se rejoignent en son sein. Elle accueille ses enfants, réunis à ses pieds. La sève se fraye un chemin sûr. Elle y lit une nouvelle vibration.<br /> Dans le lointain, les chiens entendent ce qui se joue et saluent de concert ce pas sage d’Unicité.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Jenny nous rappelle : La Vie se dit….les oreilles écoutent…le goût se partage autour d’une boisson chaude…nos pieds touchent la Terre….nos narines s’emplissent de son odeur…. Nos yeux perçoivent l’Invisible.<br /> La « cordée » repart….tantôt sur un sentier, tantôt sur des routes traversant le milieu naturel. Certaines confieront plus tard avoir perçue la souffrance vécue par les animaux par l’intrusion au cœur de leur vie, de ces chemins goudronnés, jalonnés de panneaux indiquant un « danger » de traversée d’animaux. Etrange distorsion de la réalité qu’on nous donne à lire. Ne nous y trompons pas et rétablissons la vérité qui s’y lit : « attention, danger ! Route qui traverse une forêt. Respectez la Vie qui peut la traverser » <br /> Le ciel, en harmonie, réunit toutes les étincelles qui nous habitent en un parterre d’étoiles. Ces petites lumières concentrées nous la jouent manière flahmob. Mobilisation éclair ….c’est bien ça…ça se joue dans l’instant…et donc cette synchronicité n’a rien de surprenant…elle s’inscrit dans la fluidité de ce moment présent. Délicieux présent…<br /> Nos yeux absorbent avec gourmandise ce bain de lucioles émergeant de nos profondeurs en des éclats de vie qui illuminent le ciel… Quand l’intérieur se projette à l’extérieur, il peut aussi donner lieu à des spectacles saisissants. Nous en vivons l’expérience. Ainsi, nous avons donné vie à la Vie qui se vivait à l’intérieur de nous. Chacune y a participé et chaque petite étoile rallumée à l’intérieur a trouvé une résonnance, une vibration, un scintillement dans le ciel de nos Vies qui se rejoignent, dans l’instant. Oui, nous avons cette faculté. Elle se situe dans l’émerveillement de ce que nous sommes. La facilité et la simplicité qui se traduisent à la lecture ne sont, ni plus ni moins, le mode d’emploi de notre réalité.<br /> <br /> <br /> Jenny nous montre la constellation d’Orion qui se révèle dans ce ciel si dégagé. J’apprends, par la suite, que c’est une nébuleuse en émission/réflexion et j’y entrevois une nouvelle synchronicité de ce que nous vivions à l’intérieur. Un alignement parfait donne lieu à des lectures aussi parfaites….dans la Nature. Tout retrouve Un sens !<br /> « Orion compte 7 étoiles les plus brillantes. 4 étoiles forment un rectangle au milieu duquel se trouvent un alignement de 3 autres étoiles « les Rois Mages » qui constituent une signature remarquable ».<br /> La « magie » existe. J’apprends, dans cette aventure, que nous avons en nous, la baguette mais que pour la voir agir en réflexion elle doit d’abord prendre vie en nous. Elle est une corde à notre arc mais si nous l’écartons de la danse de la vie, nous n’en connaîtrons jamais son élan.<br /> <br /> Nos pas se poursuivent la rencontre de cet inattendu qui se pose là, en un mugissement grave et profond qui signale la proximité d’un cerf.<br /> « Il nous avertit de sa présence » dira Jenny. Nous nous immobilisons, attentives. Son cri amplifie la profondeur du silence dans lequel je m’étais immergée jusque-là et le son qui s’en dégage rappelle que le Vivant y est présent.<br /> Il peut se dire, résonner et être accueilli dans cette obscurité et ce silence sans que rien ne s’y oppose. Le Souffle le porte et l’emporte….<br /> Chaque place est respectée : le cerf brame et rejoint le souffle dans une communion intime qui, naturellement, porte et emporte cette expiration vers une nouvelle naissance dont la Nature, seule, sait ce qu’elle sera. Tout est en ordre… N’y-a-t-il pas, là, à méditer ?<br /> <br /> Nous reprenons notre chemin et retrouvons bientôt une petite route qui serpente. A cet endroit, comme des enfants joyeuses, nous acceptons un nouveau jeu : nous parcourons les courbes que nous devinons, en marchant à reculons, sans jamais nous retourner pour ne pas « tricher ».<br /> Aucune ne tentera cette supercherie, trop impatiente de goûter ce nouveau plaisir qui laissera ses empreintes en nous.<br /> Tourner le dos et marcher à reculons…. A ce qui se présente… s’inscrit dans un effort. Je découvre que ce n’est pas un mouvement naturel et q
Répondre